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Bouteilles consignée, jetable, canette : pourquoi c’est qui qui choisit quoi ?

14 mai 2020

Pourquoi y a-t-il des bouteilles de bières consignées et d’autres qui ne le sont pas ? La consigne, est-ce l’idéal écologiquement ? Et puis, quid de la canette ? J’ai beaucoup reçu ces questions et je ne pouvais y répondre que laconiquement et sans certitude. Quelques recherches étaient nécessaires pour un état de lieux.

 

Il y a la bière et puis il y a, immanquablement, son contenant. Un sujet qui revient au premier plan avec l’avènement de la canette chez nous. Nous en sommes toujours aux prémices, mais la brasserie de la Source, le Brussels Beer Project et le Nanobrasserie de l’Ermitage (pour ne citer que les Bruxellois) sont de bons indicateurs « du sens du vent » : soyez-en sûr, d’ici 10 ans, la canette sera commune pour la vente de bières, artisanales comprises. Un contenant qui vient se poser à côté des bouteilles, consignées ou non.

 

Qu’y a-t-il derrière les 10 centimes ?

Quand vous avez vidé votre bouteille de bière consignée, les 10 centimes que vous avez payé à son achat vous serons remboursés en la ramenant au magasin. Elle sera alors renvoyée à la brasserie d’origine de la bière pour être lavée et réutilisée. Les brasseries qui ne disposent pas des moyens de nettoyer les vidanges les envoient à une brasserie possédant une laveuse. Seules ses brasseries-là réutiliseront ces bouteilles consignées, entre 5 et 10 fois (elles seront alors trop usées et seront recyclées). Les brasseries ne possédant pas de laveuse mais utilisant des bouteilles consignées achèteront donc chaque fois des neuves qui seront réutilisées par les brasseries ayant la possibilité de les laver.

Exemple fictif : De Ranke met en bouteille une XX Bitter dans une bouteille consignée qu’elle vient d’acheter. Le consommateur remet sa vidange qui revient chez De Ranke (via un grossiste certainement). La brasserie la stocke avant d’envoyer tout un lot de bouteilles utilisées à AB Inbev qui, elle, possède une laveuse. Une fois lavée, la bouteille sera remplie de Jupiler et renvoyée en magasin. Chez De Ranke, la prochaine XX Bitter sera embouteillée dans un nouveau contenant neuf et consigné.

L’autre possibilité, très répandue parmi les petites brasseries, est d’opter pour une bouteille jetable, qui sera donc recyclée après une seule utilisation, lorsque le consommateur l’aura amenée à la bulle à verre. Il s’agit très majoritairement du modèle « longneck ». L’Ermitage, Dochter van de Korenaar, En Stoemelings… par exemple.

 

Logistique, accises…

Mais quel est donc l’avantage de l’un et de l’autre ? Cela dépend sur quel plan on se place. Financier, écologique ? Financièrement, il y a une question de seuil. Les bouteilles consignées sont 1 centime plus chères que les jetables « longneck » à l’achat neuves et il faut assumer le coût logistique et administratif qu’implique de les reprendre, donc de les stocker et de les envoyer au lavage. De plus, il faut utiliser une étiquette qui s’en va au lavage, ce qui demande d’investir dans un étiqueteuse plus chère. Enfin, ajoutons qu’au niveau comptable, la bouteille jetable est plus facile et ne surcharge pas la facture de petits coûts à 0% de TVA. Pour inciter néanmoins à l’utilisation des bouteilles consignées, l’état n’applique pas le même niveau d’accise sur le contenant : 1,41€ pour un décilitre de bière « consigné », 9,86€ pour la même quantité non-consignée. Ainsi, il convient pour les brasseries de faire la balance, en fonction du volume vendu, entre les différents coûts liés à l’une ou l’autre solution. En tant que client final, sachez tout de même que le coût de la bouteille non-consignée vous est clairement facturé dans le prix de la bière et que vous ne le récupérez pas. C’est moins direct pour les bouteilles consignées des plus grosses brasseries et leurs économies d’échelle.

 

Et la solution la plus « verte » ?

Sur le plan écologique, il convient d’établir un écobilan, ce qui semblent très compliqué vu les pincettes que prennent les scientifiques dans leurs études. Celles-ci tirent d’ailleurs parfois des conclusions différentes en fonction des situations. Recycler le verre demande de le fondre ce qui est extrêmement énergivore. Laver une bouteille consignée demande de la transporter jusqu’à une laveuse (ce qui consomme du carburant) qui utilisera beaucoup d’eau. Voilà un descriptif simpliste, les paramètres à prendre en compte sont bien plus nombreux. En parcourant plusieurs résultats d’études, il semble qu’il y ait un consens sur le fait que la bouteille en verre jetable est écologiquement la plus mauvaise solution. C’est moins net quant au départage des bouteilles consignées et des canettes en aluminium. Les bouteilles consignées semblent toujours bien tenir la corde, mais les canettes et leur recyclage ont réalisé des progrès qui rendent le match serré. En espérant ne pas relayer des mensonges des lobbies de l’aluminium… Si je croise une étude contradictoire, j’éditerai !

 

« Team canuche »

La canette met par contre tout le monde d’accord sur le critère de la conservation du produit : son opacité est idéale puisque c’est la lumière qui est le plus grand ennemi de la bière ! Son poids plume est un autre avantage non-négligeable par rapport aux bouteilles et ne parlons pas de la facilité de s’en défaire. Pour qui n’est-ce pas une corvée d’aller à la bulle à verre ou d’aller chercher la caution des vidanges ? Alors qu’un sac bleu… Autre point positif : la bière encanettée se refroidira beaucoup plus vite une fois mise au frigo. Plus anecdotique, elle offre une plus grande surface pour développer au maximum l’identité graphique et donner un maximum d’information sur la bière. Enfin, et c’est le plus important, la canette n’altère pas le goût de la bière. C’est le consensus qui se dégage et c’est mon impression, mais un ami brasseur me soutient l’inverse. Voilà qui devra faite l’objet d’un test dont on publiera ici les résultats ! En attendant, vous l’aurez compris, on est plutôt dans la « team canuche ».

 

 

 

Modèles Steinie et APO (consignés) et Longneck (jetable, non-consigné)

 

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